La télé, c'est laid

Voilà le genre d'images qui me mettent dans un état d'accablement épouvantable.

 

Ce qui me rend très triste là dedans, c'est l'ambiance un peu "tirons sur l'ambulance" de ce moment de télé. Sliimy, le chanteur agaçant officiel de 2009, face à Eric Naulleau, chroniqueur acariâtre et sadique, toujours au ras des paquerettes. Le soucis avec Naulleau, ça n'est pas seulement sa méchanceté crasse et moche, c'est surtout son illégitimité totale à se pointer sur un plateau de télé pour "chroniquer" le disque d'un artiste pop. C'est un peu comme si je demandais à un inspecteur des impôts d'émettre un avis sur The Knife ou Kiyoshi Kurosawa, c'est juste pas son métier.

 

Naulleau et Zemour, on pourrait les trouver rigolos dans leur rôle des deux vieux du Muppet Show s'il ne suintaient pas autant l'arrogance, le mépris et la mauvaise foi. Je ne parle même pas de leurs opinions politiques, de leur racisme de droite, soft et cool, ou leur homophobie larvée. C'est même la première fois que je les cite sur ce blog, tellement leur inutilité et leur nuisance ont été tant de fois démontrées au cours des dernières années, qu'en en rajoutant une couche, j'enfonce une fois de plus des portes ouvertes.

 

Cette "chronique" de Naulleau donc, est tellement incohérente, stupide et bâclée, qu'on aurait presque envie de défendre ce pauvre Sliimy. La façon dont il vomit sa haine sur ce garçon qui semble ne représenter pour lui qu'une pauvre folle égarée, aux textes forcément indigents, prouve bien que selon son accusateur, le seul crime de Sliimy c'est d'être un homosexuel de 19 ans. Ouin.

 

Sliimy, avec sa dégaine queer, sa gentillesse et sa timidité, c'est du pain béni pour les gros beaufs de la télé. Cette confrontation m'a tout de suite remis en mémoire l'époque où Patrick Juvet se faisait humilier par Philippe Bouvard à cause de son look de pouffe disco (festival de vannes du genre "On doit vous appeler monsieur ou madame, hahaha") ou quand c'était la mode d'inviter des fans de Mylène Farmer un peu paumés chez Delarue ou Evelyne Thomas : "Alors c'est vrai que vous avez dormi sur un banc pendant 8 jours devant la propriété de votre idôle, c'est vrai que vous êtes un grand malade ?". La télé ne se lasse jamais de la foire aux freaks. Le passage où Ruquier demande de manière détournée à Sliimy si c'était pas trop dur d'être aussi efféminé dans son lycée de Saint-Etienne est consternant.

 

Mais ce qui est vraiment gênant, dans cette situation, c'est qu'on ne peut pas tellement défendre la musique de Sliimy non plus. J'ai fait l'effort d'écouter son album, et même si j'ai fini par trouver le personnage un peu attachant (alors que c'était pas gagné au départ), son disque est un peu trop léger pour être vraiment intéressant sur la longueur. Trop douce, trop infestée de gimmicks vocaux, trop sucrée, trop naïve, trop gentille, trop neuneu, la musique de Sliimy ne dépasse jamais le stade de la comptine. "Our generation" n'est même pas une mauvaise chanson, et les paroles sont plutôt mignonnes avec leur name-dropping 2007 un peu cruche, d'ailleurs rien n'est vraiment honteux sur cet album. Musicalement, le seul défaut de Sliimy, c'est de ne pas avoir suffisamment de maturité pour faire quelque chose de consistant, quelque chose d'un peu moins "clean". Il ne se dévoile pas, il ne se passe un peu rien pour l'instant. Mais à force de se prendre des tartes dans la gueule par d'affreux types comme Naulleau, il finira peut-être par dévoiler une dark side intéressante à la Britney Spears, qui sait ? Et il n'aura plus besoin d'en faire des reprises acoustiques assommantes. C'est tout le mal que je lui souhaite en tout cas.