Lily Allen "URL Badman"

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Sacrée Lily. Son dernier album Sheezus a beau être à la peine dans les charts, souffrant d'un manque indéniable de bonnes chansons, elle n'en reste pas moins exemplaire dans l'exercice compliqué de la grande gueule. Lily Allen, dès ses débuts, est devenue la chieuse officielle de la pop britannique, enchainant les coups bas et les perfidies au fil des interviews. Ses connaissances aigües en pop culture en ont fait une fine analyste des travers du music business, et son franc-parler l'a même poussée dernièrement à nous confier qu'elle n'était pas tout à fait satisfaite elle-même, artistiquement, de son comeback discographique.

 

"URL Badman" est LE point culminant de son dernier disque. La chanson est assez random, mais ses lyrics incisifs tirent à boulets rouges sur la communauté des blogueurs (et, soyons honnête, ayant jusque très tard vécu chez mes parents, la scène d'ouverture du clip je l'ai bien sentie passer). Aaah, ces blogueurs, ces petits êtres vicieux et haineux, à l'égo démesuré, sans vie sociale ou affective, ces babtous fragiles qui fantasment sur les clichés des mâles du hip-hop tout en faisant preuve d'un sexisme outrageant envers les stars féminines de la pop... Tout le monde y passe, de Vice à Popjustice, de Pitchfork à Idolator. On rigole bien à ce petit jeu de name-dropping inoffensif, même si les traits sont grossiers et l'attaque un peu facile (et plutôt dirigée vers les mecs hétérosexuels, oubliant au passage que les blogs pop sont essentiellement rédigés par des gays). Le titre aurait pu passer pour une rageuserie qui nous la fait à l'envers, s'il n'était pas aussi malin et bien écrit. Lily est peut-être en sous régime avec cette ère Sheezus, mais elle n'a rien perdu de sa pertinence.