Nikos m'a tuer

C'est toujours un peu bizarre d'assister au naufrage d'une émission. On se sent un peu mal, mais on continue à rester scotché à l'écran, pour s'imprégner du malaise ambiant. Hier soir, alors que mon seul projet de sortie était tombé à l'eau, je me suis retrouvé devant ma télé à regarder le prime de la Starac'. C'était morbide, sordide, triste, les adjectifs me manquent. Il y avait les Scorpions !! Tout le monde semblait se dire "Mais qu'est-ce qu'on fait là ? Comment on a pu en arriver là ?" Les pauvres vieux rockeurs allemands, qui avaient du mal à chanter juste, affublés de leurs costumes de métalleux à la retraite, faisaient peine à voir. Il y avait ce jeune traîne-savates à piercings qui a repris "Mistral gagnant", il y avait aussi Grégoire et sa chanson "plébiscitée par les internautes" (gage évident de modernité, LOL), cette immonde ritournelle stupide "toi + moi + ta mère...". Je pourrais écrire 10 pages pour expliquer à quel point ce morceau me donne envie de me défenestrer, à quel point la médiocrité et l'incompréhensible popularité de ce machin ne me donnent vraiment, mais vraiment pas foi en mon prochain.

 

Puis ensuite j'ai éteint la télé et je suis allé me coucher. J'étais déjà déprimé avant de me poser dans mon fauteuil tel un vieux retraité désoeuvré avec ma zappette et ma tablette de chocolat, mais là, un tel sommet de ringardise, le manque total de rythme, de second degré, de fraîcheur, de vie, ça m'a littéralement achevé. Les gens qui me connaissent savent à quel point je suis bon public pour les variétés, et nostalgique d'émissions aujourd'hui disparues telles que Sacrée Soirée, Top of the pops ou le Top 50 des débuts. Le monde du divertissement, l'industrie du disque, ont toujours porté en eux leur dose de cynisme et de mercantilisme, mais cela ne les empêchait pas d'avoir parfois de la tenue, une certaine noblesse, avec souvent de la classe, de l'humour, de l'inventivité. Mais hier soir il n'y avait rien de tout cela : j'ai vraiment assisté à l'agonie d'un programme déjà bien bancal à la base, à un chant du cygne dissonant, pitoyable, incongru et absurde. Il n'y aura pas grand monde à l'enterrement, car rester au chevet du malade est déjà trop insoutenable.