Défaite de la critique

Comme l'année dernière et sans doute celle d'avant, je n'ai pas regardé les Victoires de la musique ce weekend. Je suis juste tombé sur la fin, quand la salle est déserte et que les groupes indés ont le droit de jouer (ShakaPonk, Birdy Nam Nam, les trucs préférés des étudiants à dreads qui fument de la mauvaise herbe dans leur chambre du Crous). Les trucs français, ça n'a jamais été mon truc. Pourtant, je suis immanquablement agacé par les débriefs du lendemain sur les blogs, où chaque année on nous explique sur un ton LOL et condescendant, à quel point c'était nul. Comme si on n'était pas au courant.

 

Les Victoires de la Musique récompensent des artistes français. Le problème, c'est que les Français et la musique, c'est une longue histoire de désintérêt voire de désamour. Normal donc que le niveau laisse à désirer.
On ne peut pas reprocher à un peuple de vouloir célébrer ses artistes locaux, même s'ils sont médiocres. Le pire, c'est qu'affirmer que les groupes présents étaient nazes est une erreur : Revolver, Pony Pony Run Run, Izia, Coeur de Pirate ou Biolay, sans être mes artistes préférés, sont loin d'être mauvais. Leur seul défaut, c'est de manquer d'un truc essentiel, caractéristique de notre pays : ils n'ont pas la culture pop. Ils sont presque incapables de faire un titre efficace et fédérateur. C'est toujours vaguement sympathique à l'oreille, mais c'est toujours pareil, c'est un peu fade, y'a des idées, des références, mais ça manque de sel. C'est un peu chiant quoi. Ok, et alors ? On le sait qu'on n'est pas très doués pour ça. Inutile de tirer sur l'ambulance. Sur ce blog, j'ai toujours refusé de cèder à la facilité et d'écrire des articles haineux sur des trucs anodins ou agaçants, pour le coup assez légion dans notre beau pays. A quoi ça rime de faire trois paragraphes sur Helmut Fritz, Christophe Maé ou PZK, on sait que c'est à chier, pas besoin de nous faire une disserte. Seulement voilà, c'est toujours plus facile et jouissif de descendre et de faire de l'esprit sur ce qu'on n'aime pas, plutôt que d'essayer de mettre des mots sur les émotions que l'on ressent pour les choses que l'on aime. J'ai toujours essayé de ne pas céder à cette paresse, ou du moins, quand il m'arrive de dire du mal, de le faire de manière légère. Car la critique bourrin ne vaut pas mieux que les artistes malmenés. A mon sens, essayer de faire de la musique en France, avec le lourd passé culturel qui bridera toujours l'imaginaire collectif, est un effort énorme et louable. Alors ironiser sur le résultat final, c'est un peu comme se moquer d'un chien à trois pattes qui trébuche : c'est juste de la méchanceté gratuite.