Club Corbeille

2011

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Bonne année 2011 les amis. Hop, ça c'est fait.

 

En cette fin janvier, je vous avoue, j'ai pas la frite, j'ai pas la banane, et si tu me donnes tes noix de coco, je suis pas sûr de te donner mes ananas. Oui, j'ai un gros coup de blues, et ça, c'est la faute à Britney. Non mais sérieusement. "Hold it against me" ? Qu'est-ce que c'est que ce détestable machin ? Oh, j'ai lu tous vos commentaires sur twitter, sur les blogs musicaux, on se marre bien sur le net hein. Mais moi je suis pas là pour rigoler. La pop, c'est sérieux. Suivez mon regard vers tous les branquignoles qui croient qu'il faut parler de pop avec légèreté parce que ce n'est que de la pop, après tout. Bah non, la pop, c'est important, c'est l'air que l'on respire, c'est le Viagra de nos vies modernes, un peu.

 

Je suis colère, et je suis inquiet aussi. Parce que cette année, Brit-Brit n'est pas la seule à sortir un album. Il y a aussi Lady Gaga et Beyoncé. Et même leur ancêtre Madonna a décidé de se joindre à la fête. Mais est-ce qu'on va vraiment rigoler à cette fête ? On n'en sait rien. Peut-être qu'on va juste se prendre une méchante gueule de bois. Car ça fait plus d'un an que la pop music fait la bringue en boîte de nuit, avec des sons eurodance cheap, des gimmicks reproduits jusqu'à la nausée, des paroles indigentes, de la médiocrité à grande échelle. Alors, la pop risque surtout de finir la tête dans la cuvette.

 

Moi qui ai démarré ce blog afin de promouvoir une pop music de qualité, et de la défendre face aux gardiens du temple de la "vraie musique" (celle des guitares et des ukulélés), aujourd'hui je n'ai plus la foi. Et je pense ne pas être le seul. Peter Robinson, de Popjustice, ce site que j'aimais tant, a l'air de faire du pilotage automatique depuis quelques mois déjà. D'autres sites pop ont jeté l'éponge, après une grosse euphorie des blogs vers 2009, quand le genre était alors bandant et éclatant de santé.

 

Ouais, il est vrai, la pop a gagné, hourra tout ça. Le rock est moribond, il ne fait plus rêver personne. La mode, la presse people, les hipsters, les BB Brunes et les enseignes The Kooples ont eu la peau du vieillard, le vidant de sa substance, le ringardisant pour un bon moment. Depuis que les filles se sont aperçues que Pete Doherty n'était qu'un toxico boutonneux et bedonnant, à force de le croiser tout blême dans les rues du Marais, c'est la fin de l'âge d'or du jean slim. Tant mieux en fait, la musique rock des années 00 était un ramassis de clichés, d'approximation, un endroit craignos rempli de poseurs à la prétention inversement proportionnelle au talent. Si le rock à guitares ne marche plus, c'est simplement que les gens se sont aperçus de la supercherie.

 

Mais cette fameuse réhabilitation de la pop a rendu les artistes super paresseux, et la crise les a rendus frileux. Le genre se résume aujourd'hui à une poignée de producteurs bankable et une poignée de réalisateurs de clips, et tous les artistes se les partagent. Farmer bosse avec RedOne, Britney avec Jonas Akerlund, David Guetta avec ... U2. Du grand n'importe quoi, et une série de flops retentissants (Kelis, Aguilera).

 

Si les nouvelles taulières du monde pop ne réussissent pas à convaincre avec leurs albums, on peut s'attendre à un backlash épouvantable de la critique, et à une apocalypse pop bien plus effrayante que le 2012 de Roland Emmerich, laissez-moi vous dire. Ce n'est évidemment pas ce que je souhaite, parce que si c'était le cas, je fermerais boutique : on ne peut même pas compter sur la sphère indé pour prendre le relais, tout est tellement imbitable pour le moment... Genre le dubstep quoi.

 

Eh oui, je gneugneute, je crache dans la soupe, mais sérieusement, vous en voulez encore des "Only Girl in the world", des "Hold it against me", des titres qui ressemblent à du Cascada, des kicks gros comme mon poing dans ton cul, des chansons qui racontent un monde fascinant rempli de fêtes, de DJs, de bonnes meufs et de disco balls, et de clips où David Guetta et will.i.am se serrent la louche dans le carré VIP ? Bah non, on n'en peut plus de cette ambiance Macumba de province qui fleure bon le whisky, la sueur et le vomi de douchebag. J'ai pas envie d'entendre des reprises dance de "Time of my life" pendant que j'achète mes Pasta Box au Franprix. Je sais pas, je suis peut être trop vieux.

 

J'ose espérer que l'on puisse attendre encore beaucoup de la pop music en 2011, que des surprises trop magiques se préparent. Il y en aura ici en tout cas. Car, poursuivi, j'ai gagné les collines, j'ai pris le maquis, moi tsé quoi.