Club Corbeille

Giorgio Moroder "Tom's Diner (ft Britney Spears)"

Vous l'ignorez peut être, mais "Tom's Diner" de Suzanne Vega, avant de devenir un tube dance au début des années 90, était un morceau a cappella, un titre étrange et salement mélancolique qui servit d'ouverture à son album Solitude Standing en 1987. C'est une mini-chanson qui a hanté toute une génération, puisque sur le disque, il précédait le tube radio "Luka", qui fait encore les beaux jours des playlists de Nostalgie ou RTL2.

 

La version que le grand public connait bien est en fait un remix, sorti en 1990, que l'on doit au duo britannique DNA, des producteurs de l'ombre qui ont ambiancé le début des nineties en remixant tout ce qui leur passait sous la main.

 

De quoi parle "Tom's Diner" ? D'une matinée pluvieuse dans un diner américain (le Tom's Restaurant, popularisé par la série Seinfeld), où la chanteuse, un peu au bout du rouleau, observe distraitement les allers et venues des clients, en lisant son journal. Pourquoi est-ce que, plus de 30 ans après sa parution, les gens continuent à vouloir faire de cette comptine sous Xanax un titre club pour faire chanter les foules sur son refrain lancinant, c'est un des plus insondables mystères de la pop...

 

Voici donc une énième version de "Tom's Diner", cette fois signée Britney et Giorgio Moroder. La petite histoire raconte que c'est Britney Spears elle-même qui aurait proposé au producteur culte de reprendre cette chanson. On ignore ce qui relie la popstar à ce titre. On se dit que s'asseoir incognito dans n'importe quel troquet pour boire pépouze un petit jus de chaussette est un fantasme totalement irréalisable pour quelqu'un comme Britney Spears. C'est peut être là la clé du truc. Ou peut être qu'elle a simplement entendu le titre sur une vieille compile dance des 90s et qu'elle a adoré : on ne saura jamais. En tout cas, cette reprise est aussi étrange et incongrue que tout ce qui entoure l'histoire du morceau depuis sa création. Et pourtant, Moroder réussit à transporter le titre dans une autre dimension, electro-pop et robotique, vaguement inquiétante. En ajoutant des mélodies et des arrangements plus proches de la dark scandipop que du disco chantilly de son duo avec Sia, le grand Giorgio surprend encore et contre toute attente, offre ici la version dancefloor la plus aboutie d'une chanson pourtant usée jusqu'à la corde.