Club Corbeille

Ce soir ou jamais

ce soir ou jamais

Michael, de l'excellent blog "Fun, Culture et Pop", m'écrit au sujet du post précédent.

 

La comparaison avec Madonna est parfaite et tout à fait juste. "Le problème" qu'a Lady Gaga, c'est que sa provoc n'est juste que de la provoc. Madonna a certes utilisé la provoc pour assouvir son ambition mais aussi pour faire avancer les moeurs. Elle avait quelque chose d'assez "politique" (voir par exemple le Jésus Black de "Like a Prayer").
Avec Gaga, ça semble gratuit et donc totalement vain. Ça ne mène nulle part...
Mais peut-être faudra-t-il quelques années pour comprendre où elle voulait en venir ? ;)

 

Cher Michael,

 

La différence entre Madonna et Lady Gaga, c'est aussi l'époque. Les années 80 avaient tout à inventer en termes de causes et de combats, les années 00 ont plutôt été celles du recyclage, de la crise du signe (et de la défaite du politique, en fin de compte). D'où l'impression que Lady Gaga ne véhicule aucun message. Mais c'est un reproche que l'on pourrait aussi bien faire à Britney Spears par exemple. Sauf que cette dernière est parvenue à "incarner" un personnage qui a fini par faire sens. Lady Gaga est assez insaisissable, distante, désincarnée. Quant à savoir si ce manque d'humanité est un atout, quelque chose de conscient, ou au contraire une faille, seul l'avenir nous le dira...

 

J’ai un peu l’impression que le succès de Lady Gaga est aussi une réaction du grand public face à l’ennui mortel que suscite cette sinistre mode, cette nouvelle religion en musique, de l’authenticité, de l’humilité, de l’ascèse esthétique. Comme si Lady Gaga était une sorte de personnage monstrueux créé pour lutter contre dix ans de lavage de cerveau orchestré par la génération des 35-45 ans (non, je ne citerai pas leur nom, il paraît que c’est interdit de dire "bobo" en 2009), qui nous ont imposé leur idée étriquée du beau, du bien, de l’acceptable, du culturellement correct. C’est assez amusant d’ailleurs quand on sait que la prochaine édition de son album multiplatiné s’appellera "The Fame : Monster".

 

Ah, et je pense aussi que la pop music n'a pas besoin de légitimer sa présence médiatique par des luttes ou des messages. C'est une approche assez française de vouloir faire, par exemple, du rock "engagé", ou de la pop "barrée". On a un vrai problème avec la nature même de l'entertainment, comme si le concept même de se détendre devant un joli clip ou de danser pour le simple plaisir de le faire, posait un vrai problème de conscience au pays des Lumières.

 

Hmmm, c'était bien prise de tête tout ça. Je crois qu'on a besoin de se reposer le cerveau quelques minutes.

 

Ca va mieux :)