"Eat Sleep Rave Repeat", le glorieux comeback de Fatboy Slim

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La série Friends en boucle à la télé. Le best of des TLC, la réédition de In Utero et des remixes inécoutables de 2 Unlimited, Whigfield ou Armand Van Helden dans ton iPod. Des kilomètres de rangées de chemises à carreaux toutes plus dégueulasses les unes que les autres dans tous les H&M. Des boybands par milliers, en Corée du Sud, en Angleterre, aux Etats-Unis. Les frangins maléfiques de Disclosure et leur deep house au goût d'antan comme la faisait ta grand mère. Le groupe Suede en tête d'affiche du festival des Inrocks. Le comeback des 90s : il y a eu un moment où c'était un peu timide, pour rigoler. Et il y a maintenant.

 

Signe que nous nageons dans les eaux troubles d'un revival de l'une des décennies les plus artistiquement toxiques, même le vénérable disc jockey anglais Fatboy Slim revient. Si si. Le mec n'est en fait jamais vraiment parti, cachetonnant depuis des années dans des festivals ricains dont il est toujours, pour on ne sait quelle obscure raison, un guest de luxe qui engloutit des cachets indécents.

 

Fatboy Slim, 50 ans, c'est la mémoire du clubbing anglais, des tubes en or massif à la fin du siècle dernier, une légende vivante. Le mec pouvait rameuter 250 000 personnes pour un DJ set sur une plage à Brighton (oui je sais la plage est minuscule, c'est impossible : bilan, deux morts en 2002).

 

 

Norman Cook (de son vrai nom, que les anciens comme moi connaissent bien), un peu usé et à cours d'inspi, avait laissé de côté la production, et n'avait pas sorti de titres depuis une bonne dizaine d'années. Mais c'est en allant acheter des disques dans une boutique de Brooklyn il y a quelques mois qu'il tombe dans la rue sur un gars passablement perché, qui revenait probablement d'un marathon de clubbing, d'alcool et de drogues diverses et variées. Il se met à déblatérer des histoires incohérentes en lui tapant sur l'épaule, et notre bon Norman tient alors une idée de comeback single : il enregistre la voix du type en plein délire, rentre à son hôtel et bidouille le titre "Eat Sleep Rave Repeat" avec son pote Riva Starr, qui avait assisté lui aussi à toute la scène. Pour le tournage du clip, le vieux Fatboy décide d'organiser un marathon de 12 heures de danse dans un club londonien : le gagnant qui tiendra encore debout sur la piste remportera 500 livres. Après quelques évanouissements, du sang, des larmes, mais un gagnant, la vidéo est dans la boîte. Ne reste plus qu'à passer un coup de fil au bankable Calvin Harris (son fils spirituel et digne héritier) pour un petit remix efficace du morceau. Et voilà la bête. Une bonne grosse toune, une glorieuse tuerie, bruyante et stupide, comme au bon vieux temps.